Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/209

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Comme je remarquay cela, je ne laissay pas de la voir tousjours de fois à autre ; je ne diminuay que petit à petit mes tesmoignages d’affection, pour imiter la mer qui se retire si lentement des rivages que l’on ne l’aperçoit point, mais il y avoit cette difference, que je ne voulois point avoir de reflux. Ainsi je m’esloignay insensiblement de son amour, afin qu’elle laissast eschaper ce que je luy ostois, sans sçavoir comment elle l’avoit perdu, comme si c’eust esté un ombre qui se fust evanouy. Que si j’avois encore quelque reste d’affection pour elle, c’estoit en consideration de la premiere, et pource que l’on sembleroit incivil, si l’on faisoit une estable d’un lieu dont l’on auroit autrefois fait son temple.