Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/370

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occupez. Les uns joüoient aux dez et blasphemoient à tous coups comme si leurs juremens eussent esté des mots de magie pour les faire gaigner ; les autres parloient de quelques affaires publiques où ils ne regardoient que leur bien particulier ; et il y en avoit une infinité qui ne s’amusoient qu’à chanter, à danser, à boire, et à faire l’amour. Toutefois il y avoit là des poëtes et des orateurs qui tenoient toutes leurs actions pour vertueuses, mais Mercure ne s’y laissoit pas tromper, et il vid bien au bout d’une galerie la fraude, la flatterie, et l’ambition qui ordonnoient de la fortune d’un favory. Leur ayant demandé où estoit la vertu, ces mauvaises deesses se prirent à rire, et luy dirent qu’elles ne s’acostoient jamais d’elle, parce qu’elle estoit si sauvage et si mal aprise qu’elle