Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/378

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bien aises de passer en la nourriture du corps des dieux, et d’en estre faites une partie. Neantmoins quand il voyoit couper le coû à l’ame de quelque poulet, il s’escrioit aussi haut que si l’on luy eust coupé le sien. Outre cela il ne faisoit que destourner les cuisiniers de leur travail leur voulant mettre ses nombres en la fantaisie ; il leur aprenoit qu’il faloit qu’il y eust dix morceaux en une fricassee, pour la faire avec harmonie, et luy donner toutes ses convenances et proportions, et si l’on dressoit de l’ambrosie, il vouloit que l’on la mit en trois plats, pource qu’il soustenoit que ce nombre estoit la mesure de toute chose, et que les dieux se plaisoient au nombre impair. Vulcan qui n’entendoit rien à toute cette philosophie,