Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/460

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Lysis voyant que l’on luy faisoit faire beaucoup de chemin, creust que l’on le menoit en Forests. La belle sœur de Montenor qui estoit fort gausseuse, connut bien tost que ce jeune homme n’avoit pas l’esprit bien fait, et pour en estre plus asseuree, elle l’accosta, luy demandant quel suject il avoit d’estre si triste comme il faisoit paroistre. Une si courtoise dame ne doit pas estre refusee, respondit Lysis, je vous apren donc que si je suis melancolique, c’est pour songer par trop aux beautez d’une de qui le bel oeil m’enchante. Quoy, c’est donc une borgnesse que vous aymez, repartit Cecille, car vous ne parlez que d’un oeil. Nullement, reprit Lysis, c’est que les bons poëtes usent tousjours de cette phrase, encore que leurs maistresses ayent deux yeux, et si vous en voulez une raison,