Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/706

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avec mes racines terreuses, mon escorce couverte de mousse, et mes branches fueillues. Mais quand je voudrois me coucher, croy-tu que je le pusse faire ? Ne faut-il pas que je me tienne tousjours droit ? Puis que vous desirez que je m’imagine que vous estes un arbre, reprit Carmelin, je le veux bien aussi : mais dites moy que n’aviez vous égard à vous rendre un arbre plus beau, et plus utile que vous n’estes ? Vous estes au nombre de ces miserables saux qui ne servent qu’à faire des cerceaux et des perches. Il vaudroit bien mieux estre quelque bon poirier. Quand on vous eust coupé on eust fait de vostre bois de belles chaires, sur lesquelles les roys et les presidens se fussent assis, et puis vous eussiez raporté de bonnes