Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/742

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sé un si loyal amant, la voyant changee en riviere, ordonnerent qu’elle demeureroit tousjours telle, et arresterent là ses metamorphoses. Morin estant averty de l’ordonnance des dieux, par un de leurs prestres, eut l’ame saisie de tant d’ennuy, et de desespoir, qu’il se coucha tout de son long à terre, et commença à se distiller en pleurs. Il jettoit des larmes en si grande abondance qu’il s’en fit une petite riviere. Les dieux ayans compassion de luy, luy donnerent un pareil sort qu’à sa maistresse, tellement qu’au lieu que les autres dieux de fleuve ont une cruche sous leur bras d’où sort leur eau, il faisoit fort beau voir comme la sienne ne sortoit que de ses yeux. Ayant jetté toute son humeur pour fournir