Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/748

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m’avoit fait baigner dans une sienne fontaine qui a cette proprieté de rendre les personnes toutes de glaces, quand l’on s’y lave par trois fois : de sorte qu’estant munie de froideur ses souspirs ne me pouvoient eschauffer. Mais pour donner remede à cela, il s’avisa d’aller en un temple de l’amour qui estoit proche de chez luy. Les prestres du lieu avoient en leur garde un certain feu qui estoit si puissant que rien ne luy pouvoit resister. Ce devot pelerin fit tant de prieres à la divinité du lieu, qu’il merita d’obtenir un petit rayon de flamme qu’il enferma dans un vase de diamant. Il s’en vint me revoir avec ce thresor, et me trouvant dans un bois toute lassee de la chasse, et assise sur un tas de fagots, il jetta son