Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/794

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qu’il luy donna fit pancher la boiste jusques sur son nez, tellement qu’il ne voyoit plus goute, et que cela l’importunoit fort, parce que les mouches venans manger du cotignac, luy picquoient aussi le visage. Or il avoit ses deux bras estendus pour tenir les branches du saule à l’accoustumee, et il ne les osoit quiter, croyant qu’il faloit tousjours estre en ceste posture, pour faire paroistre qu’il estoit arbre, et que s’il se fust servy de ses mains, et que quelque survenant l’eust aperceu, il eust crû qu’il derogeoit à sa qualité. Il secoüa donc seulement la teste, et en trois coups il jetta la boiste à bas, sans estre fasché de la perdre, d’autant qu’elle commençoit à luy desplaire. Carmelin revint un peu apres en faisant paistre son troupeau, et se repaissant soy-mesme avec un gros morceau de pain et