Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/843

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avoit de la passion pour moy : mais voyant que je l’ay tousjours mesprisee, elle ne veut plus adorer d’autre merite que le tien. J’en ay desja eu quelque doute, et il m’est avis qu’elle ne t’a jamais regardé comme une personne indifferente, tellement que voicy par où je te pren pour te mettre hors de peine ; imagine toy maintenant que c’est elle qui a commis le larcin de ton chapeau, mais que ce n’a esté que pour le garder en guise de faveur. Il me souvient que Charite me prit bien un jour un de mes souliers pour le mesme suject. Je ne sçay quelle amour vous entendez, repartit Carmelin, que ne me secouroit elle donc ? N’en parlons plus son humeur ne me plaist guere. Si vous voulez que j’aye une maistresse, que ce soit la bergere dont vous m’avez autrefois parlé. Charite à une compagne qui s’apelle Jaqueline, dit Lysis, c’est à elle que j’ay songé. Tu la dois aimer, quand ce ne seroit qu’à cause que son nom est beau, et que tu pourras faire dessus une gentille allusion, disant qu’elle s’apelle Jaqueline, parce qu’elle est une javeline dont l’amour transperce