Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/940

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odige c’est de voir un berger si libre ! Tu devrois plustost estre sans ame que sans amour. Mais il est vray que je prevoy que tu seras bien tost à la chaisne de mesme que les autres. L’amour s’opiniastre à blesser ceux qui luy resistent, et personne n’ayme plus ardemment qu’un esprit froid comme le tien, lors qu’il commence d’estre enflammé. Que tout cela arrive ou non, dit Carmelin, mais pour cette heure j’ay tant d’envie de me reposer, que quand l’on criroit au feu je ne me leverois pas, soit que l’on parle du feu de l’amour ou de celuy de la cheminee. Depuis ce discours les deux bergers ne parlerent plus ensemble. Quand le jour fut venu