Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/979

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belle, qui luy sembloit un oracle à cause de son obscurité : mais voyant que Carmelin conduisant le troupeau, marchoit avec beaucoup d’indifference, il luy dit, quoy tu ne pleures point, pauvre amant ? Ne te souviens tu plus desja que tu as aujourd’huy aussi tost perdu que trouvé une des belles maistresses du monde ? Comment voulez vous que je face ? Repartit Carmelin, je n’ay pas les yeux tendres. Que ne me respons-tu, reprit Lysis, qu’il n’y a que les petites douleurs qui facent jetter des larmes, et que les grandes assoupissent entierement ? Je t’excuse, si tu ne donnes pas encore de grands témoignages de douleur. Ce sera demain qu’il s’y faudra employer, lors que tu

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commenceras à te reconnoistre. Tu as bien veu les actions de ces bergers amo