Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/133

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avoit pourquoy je luy donnois tant de peine, et qu’il valoit bien mieux que je le menasse en quelque lieu où il pûst voir ma maistresse, et que c’estoit en vain que je le voulois empescher de la connoistre, d’autant que s’il la pouvoit bien peindre une fois, il remarqueroit facilement le visage qui ressembleroit a celuy qu’il auroit fait. Il me representoit d’ailleurs que je ne devois point douter de sa fidelité, et que si je luy nommois librement celle que j’aymois, il le tiendroit plus secret que si je luy celois, et qu’il vinst apres à le sçavoir, pource que ceux qui se deffient par trop, semblent donner la licence aux autres de les tromper. Je trouvay ces raisons là fort pertinentes, et bannissant toute crainte, je dy librement à mon peintre que je ne le pouvois