Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/193

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le frapoit par derriere, il traversa la riviere à la nage, et me mit abord tres heureusement, car le courant de l’eau avoit

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emporté mon arbre. Je m’ostay alors de dessus luy, et me mettant en mon chemin, je le laissay à demy mort. J’eus si peur de n’estre pas assez à temps de retour vers Rhodogine, que je marchay presque jour et nuict, et m’alteray tellement qu’un soir ne trouvant point de fontaine je fus contrainct de boire la moytié de l’eau que je luy portois, et c’est de là que vient que j’ay maintenant une memoire nompareille. Le lendemain je pensay remplir mon vase d’eau commune, mais je craignis que Rhodogine ne reconnust ma tromperie, et en fin je ne l’aportay qu’à moitié plein. Toutefois elle s’en contenta, et loüa ma diligence, car mon voyage n’avoit duré guere plus de huict jours, et j’avois encore un de mes pains et elle un de ses flambeau