Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/351

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que l’on ayme, pourveu que l’on en soit aymé aussi, que de la voir mariee à un autre, et n’en estre point aymé. Tiercement que l’affection est plus grande apres la joüyssance que devant la jouyssance. En quatriesme lieu, qu’il vaudroit mieux jouyr de sa bergere deux fois la semaine avec toutes les peines et les inquietudes du monde, que d’en jouyr quinze jours tout de suitte en une annee avec toute liberté, et sans avoir eu aucune peine à la trouver. En cinquiesme lieu, que le ressouvenir du bien donne plus de plaisir que le bien mesme. En sixiesme lieu, qu’il vaudroit mieux ne jouïr jamais de sa maistresse, que de n’en jouyr qu’à condition infaillible, qu’un autre en jouiroit, quand il seroit vostre plus parfaict amy.