Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/354

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pour faire une veritable declaration du bon-heur de ce temps, il faut dire que les hommes mangeoient le gland avec les pourceaux, et qu’ils s’alloient abreuver dans les rivieres avec toutes les autres bestes. Ils n’estoient couverts que de leur peau, ou de quelque robbe de fueilles. La terre estoit leur table et leur lict, l’herbe leur tapis, les buissons leurs rideaux, et les cavernes leurs retraictes. Voyla comme les premiers hommes vivoient asseurément, et c’est bien sans raison que l’on tient qu’ils ont vescu en un siecle d’or, veu que l’or n’estoit pas descouvert encore. Que l’on regarde si leur vie n’estoit pas plustost brutale qu’humaine, et si ce ne sont pas des insensez qui la regrettent, et