Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/515

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Quoy m’avez vous faict prendre la peine de monter à cheval pour si peu de chose, dit-il alors, croyez vous que je me soucie de poursuivre un peureux animal ? Il faut laisser ce mestier à la delicate Venus qui n’ose aller apres de plus dangereuses bestes. Je me souvien des remonstrances qu’elle fit à Adonis, et je sçay bien quel mal-heur luy arriva pour ne l’avoir pas creuë, mais neantmoins je ne veux pas laisser de chasser apres les plus furieux animaux. Moy qui ay deffait des geans, des monstres et des dragons, je ne suis pas si peu vaillant que ce beau mignon. Chassez apres vos lievres tant qu’il vous plaira ; pour moy je m’en vay au pied d’une montagne attendre qu’un lyon rugissant en descende, comme fait le jeune Ascagne dans Virgile. Vous ne prenez pas garde que vous n’estes pas icy en Afrique, dit Clarimond,