Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/631

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ou nous nous battismes contre des monstres. De vous dire combien de coups nous donnasmes, et combien nous en receusmes, c’est une chose que je ne puis faire, car je ne m’amusois pas à les compter, tant j’estois estonné. Il est vray que je ne l’estois pas tant, que si j’eusse veu le sang sortir de mon corps, car si cela me fust arrivé, je pense que je ne serois plus au monde, et que je fusse mort de peur, quand mes playes n’eussent pas esté plus dangereuses que des esgratigneures. Il en fust arrivé de mesme, si nos ennemys eussent eu des armes à feu, et s’ils eussent eu des mousquets ou des canons dont le bruit m’eust estourdy l’esprit : mais nous eusmes tant de bon heur que nous vainquismes