Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/71

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l’esté il me prit envie de m’aller baigner dans la riviere de Marne qui n’estoit qu’à une lieuë de ma maison. Je voulus un soir esprouver ce plaisir dont je n’avois jamais gousté, mais je ne fy que m’enflammer au lieu de me rafraischir. Dés que je fus dans l’eau jusques aux reins, j’aperçeu une fille qui se baignoit aussi, et la voulant embrasser elle passa vistement dedans une isle, où elle se cacha si bien que je ne la vy plus. J’avois si peur de me noyer que je n’osay aller si avant, tellement que cette perte m’affligea fort. Je regarday de tous costez si je ne verrois point quelque basteau où la belle se fust mise, mais je n’en vy point, et s’il y en avoit un, il faloit qu’il