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CHAPITRE VII

L’ESPRIT DES LOIS : LES CLIMATS, LES LOIS CIVILES,
LE DROIT DES GENS, LES LOIS ÉCONOMIQUES ;
LA THÉORIE DES LOIS FÉODALES.

Il n’y a point de partie de l'ouvrage de Montesquieu qui ait été plus critiquée, surtout par les contemporains, que celle où il traite des lois dans le rapport quelles ont avec la nature du climat. Cette théorie, disait Voltaire, est prise de Chardin, et n’en est pas plus vraie. Chardin ne la présentait d’ailleurs que sous forme de digression, dans le chapitre consacré au « Palais des femmes du roi ». Il renvoyait à Galien, qui s’était inspiré lui-même d’Hippocrate. L’idée n’était point nouvelle, et il a fallu, pour s’étonner de la voir reprise par un historien des institutions, vivre dans un siècle où ceux qui se piquaient de légiférer d’après le droit naturel, commençaient par éliminer de leurs spéculations les éléments les plus naturels de la nature : l’air, le sol, le pays, la race. L’erreur de Montesquieu n’est pas