Page:Sorel - Montesquieu, 1887.djvu/140

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gine et des révolutions des lois civiles chez les Français. » Il définit largement le sujet, l'entame par un côté, et s’arrête tout à coup. « J’aurais mis un grand ouvrage dans un grand ouvrage. Je suis comme cet antiquaire qui partit de son pays, arriva en Égypte, jeta un coup d’œil sur les Pyramides et s’en retourna. » Cependant les Pyramides l’attiraient irrésistiblement ; il y revint, et, cette fois, il voulut pénétrer le secret du monument. « Je crois, écrivait-il en 1748, après avoir achevé les livres XXX et XXXI, c’est-à-dire la théorie des lois féodales, je crois avoir fait des découvertes sur une matière, la plus obscure que nous ayons, qui est pourtant une magnifique matière. »

Après avoir traité de l’origine des lois féodales, qu’il trouve dans César et dans Tacite, commentés par les codes des Barbares, il entre en bataille avec Dubos. Il s’efforce de démontrer, contre lui, que les terres occupées par les chefs barbares ne payaient point de tributs. C’est sur ce point que porte tout l’effort du débat. « Dans ces pages où il affirme plus qu’il ne discute et raille plus qu’il ne réfute, » Montesquieu, dit un des plus judicieux et prudents arbitres de ce grand différend historique, M. Vuitry, « Montesquieu ne détruit pas l’ensemble des preuves fournies par Dubos, au moins en ce qui touche le maintien des impôts romains sous les premiers rois francs à l’égard des Gallo-Romains. Mais ses raisonnements sont plus concluants et plus péremptoires à l’égard des Francs, et l’on ne peut méconnaître que si les