Page:Sorel - Réflexions sur la violence.djvu/199

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Il n’y a peut-être pas de meilleure preuve à donner pour démontrer le génie de Marx, que la remarquable concordance qui se trouve exister entre ses vues et la doctrine que le syndicalisme révolutionnaire construit aujourd’hui lentement, avec peine, en se tenant toujours sur le terrain de la pratique des grèves.


III


L’idée de grève générale aura longtemps encore beaucoup de peine à s’acclimater dans les milieux qui ne sont pas spécialement dominés par la pratique des grèves. Il me semble très utile de chercher ici quelles sont les raisons qui expliquent les répugnances que l’on rencontre chez des gens intelligents et de bonne foi, que trouble la nouveauté du point de vue syndicaliste. Tous les adhérents de la nouvelle école savent qu’il leur a fallu de sérieux efforts pour combattre les préjugés de leur éducation, pour écarter les associations d’idées qui montaient automatiquement à leur pensée, pour raisonner suivant des modes qui ne correspondissent point à ceux qu’on leur avait enseignés.

Aux cours du xixe siècle, a existé une incroyable naï-

    et celui de la force bourgeoise. Il dit que la classe ouvrière est disciplinée, unie et organisée par le mécanisme même de la production capitaliste. Il y a peut-être une indication d'une marche vers la liberté qui s'oppose à la marche vers l'automatisme qui sera signalée plus loin à propos de la force bourgeoise. (Saggi di critica, pp. 46-47.)