Page:Sorel - Réflexions sur la violence.djvu/411

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sentent la religion d’une façon si comique au parlement[1].

La pratique des grèves a conduit les ouvriers à des pensées plus viriles : ils ne respectent guère toutes les feuilles de papier sur lesquelles des législateurs imbéciles inscrivent des formules mirifiques, destinées à assurer la paix sociale ; aux discussions des lois[2], ils substituent des actes de guerre ; ils ne permettent plus aux députés socialistes de venir leur donner des conseils ; les réformistes sont, presque toujours, obligés de se terrer pendant que les énergiques travaillent à imposer leur volonté victorieuse aux patrons.

Beaucoup de personnes estiment que, si les syndicats étaient assez riches pour pouvoir s’occuper largement d’œuvres d’aide mutuelle, leur esprit changerait ; la majorité des syndiqués aurait peur de voir les caisses sociales compromises par des condamnations pécuniaires prononcées à la suite d’actes trop peu légaux des révolutionnaires ; la tactique de ruse s’imposerait ainsi et la direction devrait passer aux mains de ces roublards avec lesquels des hommes d’État républicains peuvent toujours s’entendre. Le clergé est tenu par

  1. Dans la discussion qui s’engagea le 21 décembre 1906 à la Chambre sur les conditions dans lesquelles avait été expulsé de son palais le cardinal Richard, Denys Cochin tint l’emploi de dupé de comédie avec une grande autorité.
  2. Le 9 novembre 1906 Aristide Briand a déclaré à la Chambre que si les députés catholiques avaient refusé de s’occuper de la loi de Séparation, il n’aurait pu aboutir à élaborer le projet. L’utilité des parlementaires apparaît ici clairement !!