Page:Sorel - Réflexions sur la violence.djvu/69

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on ne veut pas se contenter des aperçus informes formés par le sens commun, il faut bien suivre des procédés tout opposés à ceux des sociologues, qui fondent leur réputation, auprès des sots, grâce à un bavardage insipide et confus ; il faut se placer résolument en dehors des applications immédiates et n’avoir en vue que d’élaborer les notions ; il faut laisser de côté toutes les préoccupations chères aux politiciens. J’espère que l’on reconnaîtra que je n’ai pas manqué à cette règle.


À défaut d’autres qualités, ces réflexions possèdent un mérite qu’on ne leur discutera pas ; il est évident qu’elles sont inspirées par un amour passionné pour la vérité. L’amour de la vérité devient une qualité assez rare ; les blocards la méprisent profondément ; les socialistes officiels la regardent comme ayant des tendances anarchiques ; les politiciens et les larbins des politiciens n’ont pas assez d’injures pour les misérables qui préfèrent la vérité aux faveurs du pouvoir. Mais il y a encore des honnêtes gens en France, et c’est uniquement pour eux que j’ai toujours écrit.

Plus j’ai acquis d’expérience et plus j’ai reconnu que la passion pour la vérité vaut mieux que les plus savan-

    socialisme belge est surtout connu en France par Vandervelde, personnage encombrant s’il en fut jamais, qui ne peut se consoler d’être né dans un pays trop petit pour son génie, qui vient faire à Paris des conférences sur les sujets les plus divers et auquel on peut reprocher, entre autres choses, de tirer un nombre incalculable de moutures d’un tout petit sac. J’ai déjà eu l’occasion de dire ce que je pensais de lui dans l’Introduction à l’économie moderne, pp. 42-49.