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indue, tout était silencieux et sombre. Seulement, par instant, quelques sifflements de locomotive annonçaient la fin de la ville. Toutefois, le cocher était excusable de ne pas connaître Gorbets lane, car étant à peine bâti, ses angles ne portaient pas encore de plaques indicatives, faute de maisons pour les appliquer.

Le cabriolet s’arrêta, le jeune homme en descendit. Après avoir dit un mot à son coachman, il pénétra prestement dans une petite ruelle étroite et flaqueuse. Au-delà de cette venelle était une place, ou plutôt un emplacement vide, sans pavés, effondré, et comme on en trouve au bord des grandes villes. Proche, s’élevait un mur circulaire au milieu duquel croissaient de hauts arbres entremêlés de colonnes blanchâtres et grises comme des troncs ébranchés. C’était le cimetière de New-Cross.

Le jeune homme longea cette muraille, puis tournant à main gauche, il approcha d’une petite maison isolée, basse, vieille et noire. Il avait sans doute sur lui la clé de la porte, car il entra sans frapper. Probablement encore connaissait-il les êtres de ce logis, car, sans lumière, même sans tâtonner avec les mains, il vint s’arrêter devant un escalier auquel nous aurions bien volontiers accordé quelques lignes s’il ne se trouvait pas perdu dans une nuit à mettre en lumière les ombres d’un intérieur de Ribera. Cet individu monta quelques marches, puis arrivé au premier étage, il tourna la clé dans une serrure revêche et ouvrit une seconde porte. Il entra.

C’était une chambre médiocrement éclairée par une lampe. Dans le fond, derrière les meubles, avaient lieu des luttes silencieuses entre les ombres irritées et quel-