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le vampire.

sa main demandait grâce, repoussant avec des larmes ce fantôme monstrueux de vérité qu’on dressait devant lui. Mais on n’eut pas pitié. Olivia plaça en regard de cet écrit, une lettre de la jeune Ophélia, et le duc frissonna devant l’identité de ces deux écritures.

À ce moment, une statue vivante traversait la salle. Elle s’arrêta devant ces deux personnages, et, tendant son bras amaigri et sa main pâle, elle dit :

— Sur le souvenir de ma mère, sur l’honneur de mon père, je jure que jamais ma main ne traça ces lignes.

En se retirant pour la nuit, le pauvre père aperçut dans une galerie déserte une ombre qui priait devant un portrait de femme, celui de sa première duchesse, et le vieillard, le front sombre, passa sans regarder sa fille.

Cette nuit-là, à deux chevets, il y eut des larmes amères et pas de sommeil !…

Tous les jours Olivia pénétrait davantage dans la confiance de son père, chaque jour Ophélia paraissait s’écarter de plus en plus du centre de cette sphère aimante. — Olivia ne pleura pas, avons-nous dit, à l’heure où l’on trouva le cadavre de sa mère. Ces deux mots nous dispensent presque de faire le portrait de cette jeune fille. Toutefois, il est probable que la duchesse décédée si mystérieusement n’aurait pas pleuré non plus à la mort de son enfant. — Olivia ressemblait à sa mère. Elle était envieuse, jalouse et méchante. Une simple cause lui faisait haïr sa sœur aînée. L’une se nommait miss de Firstland, et, elle, seulement miss Olivia.

Le duc aimait Ophélia, car il est dur de lever de son cœur une affection enracinée et qui fait corps, mais sa présence le gênait. Il la fuyait. En des heures de doute,