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le vampire.

Quatre ans après, le duc quitta ses montagnes, ses forêts, ses jours pâles, témoins de ses douleurs, et vint à Londres. — Sa fille approchait de vingt ans, et, elle aussi devait bientôt le quitter.

À l’heure où nous posons la plume sur le seuil de l’hôtel de Firstland, miss Olivia n’a point encore terminé sa toilette. La fille du duc, disons-le, sans être soumis à nulle prévention fâcheuse, est une belle personne. Le coloris de son visage a toute la délicatesse de cette teinte qu’on ne saurait mieux comparer qu’à la couleur du thé au lait. Son front bombé surplombe des yeux beaux par la forme, mais éclairés d’une expression dure. Les lobes apparents du nez et la commissure des lèvres un peu sèches, disent tout l’orgueil de cette femme, et repoussent au premier aspect les caractères faibles et timides. — Ses épaules et ses bras étaient nus, et ses beaux cheveux, d’une nuance blond foncé comme le miel, s’annelaient le long de ses joues presque jusqu’à ses coudes perdus dans des trésors de frivolités féminines dont les noms techniques n’intéresseraient que des modistes. Et notre littérature n’est pas si exclusive.

Sur un canapé était assise une vieille dame, compagne habituelle d’Olivia, et qu’elle nommait sa tante. Cette femme était haute et sèche, si sèche qu’en plaçant une lumière derrière son corps préalablement dévêtu de ses étoffes gonflées, on aurait, bien sûr, pu lire, à travers, quelques colonnes en petit-texte du Morning-Chronicle.

L’ameublement de la chambre de miss Firstland était de bon goût, car il venait de France. La jeune femme avait en face d’elle une toilette en salin jaune en forme de dais. Au fond se dressait une glace encadrée aussi par