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le vampire.

Le vieux duc entra, appuyé sur le bras de lord Horatio. Le vieillard, un peu courbé, était grave sous ses rares cheveux blancs.

Horatio Mackinguss avait un aspect tout nouveau ; si ce n’était son nom, nous ne l’aurions pas reconnu. Son œil éteint se dirigeait oblique vers la terre ; son front niaisement plissé, était recouvert d’un masque d’étonnement naïf, et sa bouche apparaissait en ce moment contractée en une bouderie de désappointement. Une teinte de bonhomie native s’étendait sur son visage. Horatio habitait rarement Londres, et les personnes qu’il y voyait n’avaient que peu de relations avec la famille du duc, d’ailleurs assez éloignée des mondanités bruyantes.

— Mais, mon cher Horatio, continua le père d’Olivia après les salutations d’usage, si vous m’aviez seulement consulté sur cette affaire, je vous en aurais aussitôt dissuadé. Sir James Cawdor vient de faire la plus belle opération de sa vie. Croiriez-vous, mesdames, que monsieur Mackinguss vient d’acheter fort cher le château des Chûtes et les rochers qui en dépendent ? Mon pauvre ami, c’est une propriété qui ne vous rapportera que des contes de vieilles femmes !…

— Mais veuillez penser à une chose, mylord duc. Ce château est célèbre aujourd’hui dans les trois royaumes. On le visitera comme Holyrood, Stirling et autres résidences royales. Et ce que le duc d’Hamilton fait à Édimbourg, pourquoi ne le ferais-je pas avec plus de droits dans le Lanarkshire ?

— Mais, au lieu de visiter votre château, mylord, on le fuira bien plutôt. Heureusement que si vous prenez femme un jour…