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le vampire.

— Andrew, madame, va vous le chercher.

— Ah ! un bouquet qu’un valet aurait manié, et peut-être senti !… Mylord, pouvez-vous commettre une semblable naïveté !…

— Mademoiselle, j’y vais moi-même.

La jeune et fière fille lui accorda un sourire en payement de sa complaisance. Horatio porta sur elle un regard aussi éloquent qu’honnête, et partit avec soumission à la conquête du bouquet, sans s’inquiéter du rire un peu railleur que lui adressa la vieille Kockburns.

L’attention de la jeune fille fut un moment captivée par la scène, mais le sentiment de sa haute fortune et de sa beauté la ramena bientôt à des idées plus vaines. Son regard hautain descendit dédaigneusement autour d’elle.

Près des avant-scènes, était une loge basse et profonde paraissant occupée. Toutefois, un homme vint se placer debout contre une colonne, et promena ses regards dans la salle. En apercevant cette figure pâle éclairée de deux yeux qui blanchoyaient dans l’ombre, la jeune fille tressaillit. Elle se rappela sa rencontre nocturne près du cimetière. Cette prunelle phosphorescente éclaira sa mémoire. Aussitôt, dressée contre cette colonne, elle retrouva la ressemblance fatale de la tête de cet homme appuyé au mur de la nécropole ; mais elle détourna les yeux, car les deux rayons fixes partant de cette face de gorgone pétrifiante, pesaient sur elle.

À ce moment, Horatio rentra dans la loge et remit humblement les fleurs à miss Olivia.

— Merci, mylord. Seriez-vous encore assez obligeant pour ajouter à la peine que je vous dois, celle de me dire

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