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le vampire.

— Qu’en savez-vous ?

— Léwis ne peut rendre votre raison.

— Pourquoi ?

— Parce qu’il l’a perdue.

— Perdue !… en une nuit !…

— Certainement. Il se marie !… — Lord Mackinguss fit suivre cette phrase d’un rire moqueur que ne remarqua point le malade.

— Eh bien, nous la prendrons à un autre.

— Cela n’est pas facile.

— Toi, as-tu ta raison ?

— Puisque je suis avec toi, je ne puis l’avoir…

— C’est vrai, nous ne sommes plus sur terre. Oh ! j’ai fait un songe bien bizarre, bien bizarre !… Je vais te le raconter ; écoute… Laisse-moi me souvenir.

Et, appuyant sa pauvre tête sur sa main, il chercha longtemps le fil de son rêve. Horatio, toujours impassible, attendait qu’il commençât.

— Eh bien ! ce songe ?

— Oui, le voici : Je me nommais Amadeus Harriss, j’étais sur terre, riche, heureux, car j’aimais une femme… là-bas, l’amour d’une femme rend heureux ! Elle se nommait… Olivia… oui, et j’allais devenir son époux. Puis, un soupçon tomba sur mon cœur comme une tache noire ; je doutai de cette jeune fille… lorsque… je me suis éveillé.

— Eh bien ! Léwis s’est emparé de ton rêve ; il épouse Olivia.

— Attends, reprit l’insensé sans écouter, et poursuivant le souvenir du songe ; elle sortait le soir, vêtue en homme… Un vampire le savait…