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le vampire.

Il parlait lentement, réunissant à grand peine ses idées éparses et confuses.

— Non, je n’ai pas su si Olivia me trompait. Mais, pourquoi, elle si belle, si imposante, m’aimerait-elle, moi, si faible, si craintif dans le monde !… Il y a aussi un homme qui rôde autour d’elle, un bel homme dont on rit quelquefois… mais dont on rêve aussi, peut-être, après !

— Eh bien ! cet homme, c’est moi, dit lord Mackinguss se présentant devant lui, et appréhendant ces symptômes d’un retour à la raison.

— Vous !… reprit Amadeus en le regardant fixement.

— Eh bien ! tout cela est un rêve.

— Un rêve, non, car je comprends, maintenant. Vous êtes Horatio… Oui, je vous reconnais… vous êtes beau, vous !… aussi, je fis une réflexion, après…

— Une réflexion ; et sur qui, sir ?

— Sur vous.

— Ah ! et que pensâtes-vous ?…

— Oui, oui, je me dis que pour être réellement ce que vous paraissiez, vous étiez trop simplement naïf, hier !…

— Ah ! je reviens à la raison !… mais, ma tête brûle, un peu de glace, mylord.

— Il n’y en a plus.

Lord Mackinguss s’était levé et marchait dans la chambre, le front plissé, le regard mauvais. Tout à coup il s’arrêta et sa main se posa sur une fiole contenant une liqueur épaisse et jaunâtre ; il réfléchit. Cet homme, implacable pour une femme, surtout après une offense, répugnait à tuer quelqu’un. Le but ne l’effrayait pas, mais le moyen lui apparaissait atroce et vulgaire. Se débarrasser ainsi d’un individu qui vous