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le vampire.

— La voici, mylord.

— Vous avez une main de reine, Olivia, et, certes, si la nature ne se raille pas des hommes, nous devons espérer de beaux enfants. N’avez-vous pas toujours désiré un enfant, mylady ? fit mignardement Horatio en se renversant avec nonchalance sur un coussin, le regard caressant et légèrement faux.

— Oh ! si ; un enfant fut le rêve de ma vie ! mais…

— Eh bien, Olivia ?

— Mais, vous ne m’aimez pas ; c’est une nouvelle espérance déçue !… fit-elle en une moue presque douteuse et de la même nature que le sourire marital.

— Et qui vous assure que votre rêve n’a pas été le mien ? Si je vous disais… mais me croiriez-vous ?… Si je vous disais que tout ce que j’ai fait pour vous avoir, je l’ai accompli pour réaliser deux rêves : vous aimer, et être nommé un jour mon père, par une voix qui vous nommerait ma mère !…

Et ces deux personnages se ravissaient à cette pensée, avec des accents de vérité à les faire éclater de rire en eux-mêmes devant cette comédie si facilement jouée.

— Et puis, continua Horatio orgueilleux, il serait riche, plus riche que ne le fut jamais un cadet de famille ! Nous lui donnerions des honneurs et lui achèterions des titres ! Car, puisque notre frère s’obstine à vivre comme une orfraie dans son manoir d’Argyle, je prendrai sa place dans le monde. Entendez-vous, mylady, je veux que vous soyez la première beauté du monde anglais, et qu’on vous remarque cette christmass à la cour. Je m’y présenterai en Écossais, avec les brogues au quadrille de mon clan et la plume d’aigle à ma toque ; j’en ai le droit.