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le vampire.

laideurs d’un mascaron ou d’un dégueuleux de gargouille. C’est le Ganymède de ces hommes.

Le souvenir de ce gnome portant un broc à chacune de ses grosses et grasses mains, de ces mains que l’on ne serre pas, mais qu’on exprime, la pensée de cette face de stryge exalte plus le cœur de ces buveurs, que le rire d’une maîtresse. Cet être se nomme Pander. Soit son nom, soit une contumélieuse épithète, je ne sais. Toujours est-il qu’il y répond.

Tout à coup, par l’escalier de la première salle, un homme tomba plutôt qu’il n’entra dans celle où nous nous arrêtons. C’était un marin ; ainsi le disaient ses vêtements goudronnés et son chapeau à bords plus larges derrière que devant. Il fredonnait un air en mauvais anglais. Un rire heureux éclatait aux barreaux de ses dents ocreuses.

— Ah ! voici donc le palais du bonheur !… Ohé ! bonjour les amis !…

Personne ne répondit.

— Ah ! les Anglais, toujours mornes, tristes comme des faces de vent de bout.

— Ah ! çà, d’où nous tombe ce chien d’Irlandais !… Qu’on lui jette une pomme de terre et qu’il se taise !…

— Une pomme de terre, vieux blaireau de Leicestershire ! Cela n’entre pas sur ma carte aujourd’hui. Ohé ! renard de Pander, viens reconnaître les amis !…

— Allons, silence, que vous faut-il ?

— Comment, ce qu’il me faut, vieille face de pouding éteint, il faut te débarrasser d’un de ces brocs et me serrer la main.