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le vampire.

fais donc en sorte de nous envoyer un peu de fumée ; on gèle ici comme sur les côtes du Northumberland.

— Je vous dis, M. Droll, ce Pander mériterait d’être envoyé en Australie avec les déportés. Croiriez-vous, que tout à l’heure, il m’a ri au nez lorsque je lui ai demandé une chaufferette ! — Vous venez de New-Castle, cher M. Droll ?

— Arrivé d’hier soir, respectable M. Rabble, sur La Coquette, chargée de charbon de terre pour une maison dans laquelle je ne suis nullement intéressé. J’ai demeuré un mois à New-Castle.

— Le bitter y est-il bon ?

— Inconnu. Du gin, du wiski et des pommes de terre, voilà tout. J’étais à la taverne de John Foxon, un homme très intelligent. Il a inventé un appareil, une mécanique pour donner de l’appétit.

— Ah !

— Oui, M. Rabble, il sait vous creuser l’estomac à la minute. Combien mangeriez-vous de pommes de terre, monsieur le professeur, en vous forçant ?

— Hou, hou, quatre livres, peut-être.

— Eh bien, John Foxon vous mettrait aussitôt en état d’en consommer quatre autres livres.

— Le misérable me les ferait rendre, peut-être ?

— Pas du tout. Au contraire. Voici la chose en deux mots. Que fumez-vous, monsieur Rabble ?… Du tabac ?

— Du tabac ! fit ce dernier en sortant de son sein une pipe courte et brûlée. J’en ai fumé, mais maintenant j’aime autant des feuilles sèches ou de l’herbe ! Pander, affreux dictionnaire, apporte moi ce qu’il faut pour remplir ma pipe.