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le vampire.

formaient le losange le plus affreusement régulier ; car ce n’est point une affaire de futile importance que de se bien draper dans un cachemire. Peu de femmes réussissent, surtout hors Paris. Ainsi, la provinciale met son châle, la parisienne le jette, l’anglaise l’accroche. Il est inutile de remarquer que la parisienne seule réussit. Or, ces lignes sont uniquement une petite digression de mon chef, et Robert de Rolleboise en est tout à fait innocent. Bien loin de s’occuper à critiquer la mise britannique de ces dames, il quitta aussitôt la côte par un chemin qui, traversant le plateau, conduisait au village de Sanvic, qu’on dirait bâti d’après une toile de l’Opéra-Comique.

Sur la plaine, dans un bouquet d’arbres, apparaissait la toiture bleue d’un élégant pavillon. En approchant de cette demeure, Robert hâta le pas. Il était pâle. L’agitation de son cœur se voyait dans ses yeux inquiets et sur ses lèvres frémissantes.

Un des appartements de ce pavillon avait un aspect séduisant. Le soleil y brillait, une femme y rêvait. Rayon de soleil, rêve de femme, en voilà trop pour faire perdre la tête à un de ces poètes tristes qui, faibles de poitrine, traitent leur ame de cancer. Un magnifique feu qui suppléait très-bien à l’insuffisante ration d’hiver accordée par l’astre du jour, réverbérait contre les blanches plaques de marbre du foyer. Parmi tous les tableaux des boiseries et les précieuses futilités de la cheminée, on remarquait près d’une tête de vieillard dessinée au crayon, une miniature encadrée de vermeil et représentant une femme, — la mère de M. de Rolleboise.

Ophélia, nous la reconnaissons tout de suite à sa