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le vampire.

Au bruit causé par la porte, les tentures s’agitèrent et une voix effrayée s’écria :

— Qui est là !… N’approchez pas ou je me tue !…

Mais saisie d’étonnement la voix se tut. Puis, après un moment de silence entre ces deux personnages, l’un debout, l’autre couché, l’un jeune homme, l’autre jeune femme, cette dernière s’écria de nouveau :

— Comment, M. de Rolleboise, vous ici !… Mais, alors, me direz-vous où je suis, ce qu’on prétend me faire, pourquoi on m’a enlevée. Ah ! mon Dieu, mais c’est peut-être vous qui avez fait tout cela… Parlez-moi donc, monsieur, car cela me rend folle !…

Mathilde presque égarée par la frayeur, ne pensait nullement à sa position en face de cet homme qui l’avait aimée. La gorge, les bras demis-nus elle se tenait haletante penchée sur le bord de la couche. Ce désordre bien loin de troubler Robert, le fit simplement sourire. Il vint s’asseoir très calme sur un siège placé près du lit.

— Vous me demandez, madame, où vous êtes. Vous êtes dans ma chambre. Est-ce que cela vous étonne ? Allez-vous à ma vue vous prendre d’épouvante !… Eh ! mon Dieu, je vous ai trouvée, cependant, dans une circonstance à peu près semblable, un soir qu’un homme entrait dans votre appartement, beaucoup plus sobre d’exclamations.

— Mais, que me dites vous là, M. de Rolleboise !…

— Vous rappelez-vous, madame, cette belle soirée que j’eus l’honneur de passer auprès de vous, il y a deux ans, au Hâvre. Ah ! je vous aimais bien alors !… Toute la nuit, une nuit sans sommeil, je rêvais de vous. Car, vous voyant auprès de ce vieillard, votre mari, je vous con-