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le vampire.

— Du moins, vous me pardonnez ? Et, cependant, madame, je ne sais trop, moi, si je vous pardonne.

— Que voulez-vous dire ?

— Écoutez, je vous parle à cœur ouvert. Je vous ai aimée d’une passion insensée, votre vue a peut-être donné à ma destinée une direction mauvaise, mais franchement, je vous le dis aujourd’hui, cette fièvre s’est éteinte. Cependant, il me reste encore quelque chose qui ressemble un peu à un sentiment jaloux. Cet homme, Horatio, vous le connaissiez, c’est lui qui vous a fait venir en Écosse. C’est lui, n’est-ce pas ?

— C’est lui.

— Madame, séparons-nous sans aucune arrière-pensée de doute. D’ailleurs, cet homme est peut-être mort en ce moment.

— Monsieur Robert, il y a dans ma vie deux romans, deux drames, dont l’un ne sera jamais divulgué par ma bouche, car il est épouvantable. L’autre ne concerne que moi, et comme malheureusement il répond aux soupçons que vous venez d’émettre, je vais vous le dire. Votre vie est assez éprouvée, je le sais, pour qu’après m’avoir entendue vous ne me condamniez pas. J’ai passé toute ma jeunesse, ma vie de jeune fille, si vous préférez, à Montpellier.

— Monsieur Mackinguss n’a-t-il pas habité cette ville ?

— Hélas ! fit-elle pour toute réponse en appuyant sa tête sur sa main afin de recueillir ce qu’elle voulait dire.

Robert se ressouvint de sa première entrevue avec cet homme ; aussi, afin de s’éclairer sur l’atroce récit qui ouvre ce livre, il ajouta :