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le vampire.

Sur son lit de mort, le docteur Nohé-Nahm penché sur sa bouche ralante, lui dit de sa voix froide et calme :

— Il y a vingt ans, Valérie, le jour de votre mariage, vous me demandiez quel sentiment je ressentais pour vous. Je viens vous répondre aujourd’hui. C’est la haine. J’ai tué votre mari, j’ai tué votre fils, je vous tue.

Deux jours après on descendait deux cercueils dans une même fosse.

Messieurs, il est près de onze heures, la diligence passe ici assez matin, je me permettrai donc de prendre congé de vous pour la nuit. Vous ne m’en voulez pas beaucoup, monsieur de Saint-Loubès.

— Monsieur, votre récit m’a vivement intéressé puisque je puis me fier à sa véracité. Ensuite, si j’en voulais à quelqu’un ici ce ne serait jamais qu’à moi.

— Allons, Mont-Dore, allons dormir.

— Ce n’est point pour vous adresser un compliment drôle en votre qualité de narrateur, mais il me semble que votre chien s’est lui-même beaucoup intéressé aux péripéties de l’histoire de la pauvre veuve. Il n’a nullement dormi. J’ai même vu tout le temps ses yeux enflammés fixés sur nous. À moins d’être son maître, je ne voudrais point savoir un pareil animal dans ma chambre.

— Mont-Dore m’est fidèle et attaché. Avec lui, je dormirai la porte ouverte, ma montre et ma bourse à la disposition de qui pourrait les prendre. Allons Mont-Dore, venez !…

Le chien se mit lourdement sur ses quatre pattes, et tout en suivant son maître qui saluait sur le seuil, il