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le vampire.

des romanciers l’ont dit avant moi, je le sais ; et, bien des lecteurs, de ceux qui veulent toujours du nouveau, se récrieront sans doute.

Mais, messieurs, — ceci aux lecteurs qui se récrient, — je ne me targue point d’écrire ce qu’on n’a jamais dit, et, si vous le désirez, certes vous n’exigez pas peu. Ma seule ambition est de vous intéresser. On amuse par des faits connus habilement agencés. Le nouveau étonne.

Ah, vous n’êtes pas ambitieux dans vos prétentions !… toujours la même redite, un roman !… dites-nous donc du neuf. — Messieurs, on n’en dit pas tous les siècles.

Lorsque Colomb cria : Terre !…

Le jour où Galilée, ce Josué de la science, arrêta le soleil…

Quand Watt, sur la mer, dompta le vent, et, sur terre, détruisit la distance…

Alors ces hommes disaient du nouveau.

Le romancier tend vers un but plus modeste, et n’aspire pas, que je sache, à la révélation. La psychologie est presque sa seule étude ; c’est pour lui, simultanément, distraction et science. Curieux comme une fille, il fouille sans cesse dans les alvéoles secrètes des sentiments intimes, il exfolie avec amour toutes les couches des sensations inconnues, il place une lentille grossissante sur les tubercules du cœur. Puis, il raconte ses observations à ceux qu’elles intéressent.

Quant à moi, je considère le roman comme une causerie familière avec un inconnu. Seulement, je cause à mon aise et à mes heures, sans me soucier si l’on m’écoute ; mais je permets aussi qu’on me lise de même.

D’ailleurs, je l’écris franchement, ce livre n’est pas