Page:Soubhadra Bhikshou - Catéchisme bouddhique, 1889.djvu/23

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souffrance, de la mort et de la nécessité de revivre[1], et de trouver le moyen d’y

    les frères bouddhistes, et dont les traits vénérables reflétaient la profonde paix intérieure. Cette vision prophétique, car c’est ainsi que nous devons la considérer, montra au prince, tourmenté par les énigmes de l’existence, le chemin sur lequel il devait chercher leur solution. À partir de ce jour, il conçut et mûrit la résolution de renoncer au monde et de prendre la voie que tous ceux qui aspirent à la perfection doivent suivre. — Ce récit allégorique, cette légende nous découvre une vérité profonde : c’est que seule la perception de la fragilité et du néant de la vie peut amener une âme sensible à renoncer au monde et provoquer ce changement complet d’esprit par lequel sont passés tous les saints, et que celui qui ne s’est pas détaché du monde ne peut même pas comprendre.

  1. La doctrine des existences successives, c’est-à-dire de l’incarnation répétée de la partie spirituelle de l’homme est la connaissance la plus ancienne et la plus vénérable de la race humaine. C’est une sagesse ou une religion primitive, qui s’impose d’elle-même, à toute intelligence que les erreurs et les préjugés, qui nous assiègent dès notre enfance, n’ont pas troublée. Dans les religions de tous les peuples civilisés, les religions judæo-chrétienne et islamique exceptées, cette doctrine forme la base sur laquelle reposent toutes les autres. Et même dans les pays chrétiens, beaucoup de grands esprits l’ont professée en secret, à toutes les époques. Elle seule peut nous délivrer de cette illusion, que l’homme soit une créature, que la volonté arbitraire d’un Dieu aurait tirée du néant et qu’il doive encore être reconnaissant pour la vie qui lui a été donnée et qui est pourtant un présent d’une valeur si contestable. La doctrine des existences successives donne à l’homme sa liberté