Page:Soulary - Œuvres poétiques, t1, 1872.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
PASTELS ET MIGNARDISES.




VI

OARISTYS


Ils vont, beaux amoureux, côte à côte, en silence,
Les yeux baissés à terre, et la main dans la main,
Sans songer qu’ils sont seuls, éloignés du chemin,
Et que la nuit s’abat sur la forêt immense.

Où vont-ils ? Où le cœur les conduit sans défense,
Impatients et doux sous l’aiguillon divin ;
Lui, du désir d’oser tout ému dans son sein,
Elle, tremblant qu’il ose et se livrant d’avance.

Ils n’ont rien dit encore, et tout est dit entre eux.
— La nature est discrète, enfants ! soyez heureux !
Et toi, Barde de Cô, souris, vieux Théocrite !

Vois ! ton drame d’amour dure éternellement ;
C’est, depuis deux mille ans, la seule page écrite
Où le temps ait passé sans aucun changement !