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s’écria avec une folle ivresse des sens et de l’esprit.

— Eh bien ! oses-tu m’aimer ?

Pendant toute cette scène, la tête de Luizzi s’était aussi laissé frapper par la singularité de ce qu’il voyait et de ce qu’il entendait. Les circonstances, l’occasion, l’imprévu ont une ivresse qui étourdit, entraîne, égare, et Luizzi répondit à la marquise comme un homme qui croit en ce qu’il dit :

— T’aimer ! t’aimer ! c’est la joie des anges, c’est le bonheur, c’est la vie !

— Oui ! n’est-ce pas que tu m’aimes ?

Luizzi ne répondit cette fois qu’en attirant la marquise dans ses bras ; elle ne résista pas, elle répéta en balbutiant :

— Tu m’aimes, n’est-ce pas ? tu m’aimes, n’est-ce pas ? Tu m’aimes ? tu m’aimes ? disait-elle sans cesse et pour ainsi dire sans raison.

Et ce mot était si obstinément répété, qu’il semblait ne plus avoir de sens pour la marquise ; elle le murmura jusqu’à ce que Luizzi eût