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victoire ne pouvait avoir rien de fort flatteur et de bien piquant ; mais triompher en quelques heures d’une femme qui, selon la pensée de Luizzi, devait avoir assez l’habitude de la défaite pour avoir toutes les ressources de la défense, cela lui parut original, amusant, désirable. D’ailleurs il y avait là un rival à supplanter, un amant, beaucoup mieux qu’un mari : c’était une vraie bonne fortune. Car persuader à une femme de tromper son mari, c’est la conduire ou la maintenir dans la voie du mariage ; mais la pousser à tromper un amant, la faire faillir à une faute, la rendre infidèle à une infidélité, c’est beaucoup plus difficile, beaucoup plus immoral en amour ; cela vaut la peine de réussir.

Toutes ces idées, que nous venons d’énumérer longuement, expliquent la résolution de Luizzi plutôt qu’elles ne la dictèrent. Armand, en voyant le beau Charles auprès de madame Dilois, en apercevant ce lit entr’ouvert, se sentit pris de l’irrésistible envie d’y tenir la place qu’il supposait que le beau Charles devait y occuper.