Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/133

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Il se rapprocha vivement de la petite porte, comme pour dire à ce rire impertinent : Voilà qui va me venger de cette raillerie. Mais la porte n’était point ouverte : ce n’était pas étonnant, il était sorti depuis si peu de temps ; mais la porte ne s’ouvrit point, et il y avait déjà une demi-heure qu’il était dans la rue où le froid le gagnait. L’impatience et la colère le réchauffèrent bientôt : était-il dupe, ou bien un obstacle imprévu retenait-il madame Dilois ? Cette supposition fut longtemps à se présenter à lui. Armand avait pour la repousser sa vanité naturelle d’homme, ses succès passés, son aventure avec la marquise, et surtout le ton de madame Dilois, ce que lui en avait dit madame Barnet, et ce qu’il avait supposé de Charles. Il lui fallut encore assez longtemps pour croire que l’on s’était moqué de lui. Mais enfin, l’onglée le rendit moins vaniteux. On le laissait à la porte, et peut-être M. Charles le guettait en riant derrière un rideau. Cette odieuse pensée torturait Armand ; car la question n’était déjà plus de posséder ou de ne pas posséder cette femme,