Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/161

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très-fort sur les principes de la tactique, probablement il n’eût pas fait un pas en avant s’il n’eût reconnu d’avance le terrain où il devait diriger ses batteries, et nul doute que la crainte de tomber dans une vieille femme ne l’eût sans cela rendu très-circonspect. Mais il avait vu de madame Buré qu’elle était jeune, qu’elle était jolie et qu’elle n’avait point l’air farouche. Aussi, dès que la voiture eut dépassé le faubourg et qu’elle roula sur la route isolée de Puilaurens, il commença à se rapprocher de sa voisine. D’abord elle n’était pas assez couverte, et il jeta par terre son beau manteau neuf pour lui envelopper les pieds ; puis il l’interrogea, et ne s’aperçut point que c’était lui qui répondait aux questions de madame Buré. En effet, ils n’avaient pas fait une lieue, qu’il avait dit qu’il s’appelait Ernest de Labitte, qu’il était en garnison à Toulouse, et qu’il comptait quitter bientôt cette ville pour aller dans le Nord. L’affaire qui l’appelait à Castres pouvait tout au plus le retenir une heure, et il devait revenir à Toulouse par la voiture de retour.