Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/184

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rité si modeste, que madame Buré comprit qu’il n’y avait point chez lui de fanfaronnade, et qu’elle répondit :

— Ce n’est pas une menace, monsieur, je n’en ai pas voulu faire. Vous me réduisez à me défendre, je le fais comme je peux ; je ne doute pas que vous ne soyez plein de courage et d’honneur, et que vous ne sachiez exposer votre vie pour un mot ; mais un si frivole amour que le vôtre n’en vaut pas la peine.

— Il en vaut plus la peine qu’un mot assurément.

— Vous êtes habile et répondez à tout. Eh bien ! monsieur, j’ai une question à vous faire : me jurez-vous d’y répondre sincèrement ?

— Sur l’honneur, je vous le jure.

— Si je vous disais qui je suis, si je vous montrais qu’une folie de jeune homme peut compromettre à tout jamais une femme honorée, que votre apparition dans notre solitude serait un événement, que vos poursuites seraient un scandale où je succomberais assurément sous