Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/225

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êtres fatalement marqués pour l’infamie et le désordre ? N’était-elle ensevelie dans ce cachot que pour y enfermer avec elle les féroces lubricités d’une nature effrénée ? Avait-elle soustrait ce livre aux regards de ses gardiens pour s’en repaître en secret dans les délires de son imagination, après avoir fait craindre à sa famille de la voir réaliser les épouvantables fureurs versées dans cet ouvrage par une âme où le sang et la boue bouillonnaient comme la lave d’un volcan ? Tant de corruption pouvait-elle s’allier à tant de jeunesse ? Sous l’impression de cette pensée, Luizzi regarda cette jeune femme, et, dans ses traits purs et décorés du calme d’une secrète douleur, il ne vit rien qui pût justifier sa supposition. Elle continuait de lire avec attention ces pages obscènes, et cependant il y avait tant de souffrance dans tout son être, que Luizzi n’osait l’accuser sans la plaindre. Malheureuse ! pensa-t-il, si elle est née avec ce frénétique délire que la science médicale explique, mais que notre langue ne peut décrire,