Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

précipite dans les amours insensées, comme le taon attaché aux naseaux du noble coursier le rend bientôt indocile, emporté, furieux, et le lance, avec des hennissements sauvages et douloureux, à travers les bois, les ravins et les torrents, jusqu’à ce qu’il tombe déchiré, meurtri, souillé de sang et de boue, se débattant encore en expirant sous l’insecte qui le mord, le brûle et le tue. » Mais nous qui n’avons point de mots français pour ces pensées, nous traduisons mal celles de Luizzi en empruntant ceux d’une nation qui avait une image poétique pour les plus misérables choses de la vie. Tout ce que nous pouvons dire, c’est qu’il considérait cette jeune femme avec une pitié mêlée d’effroi, lorsqu’il s’aperçut que de ses yeux épuisés tombaient encore quelques larmes chétives qui vacillaient au bord de sa paupière.

Certes, la lecture qu’elle faisait n’avait rien de bien attendrissant, et, si Luizzi avait été surpris du livre que cette malheureuse tenait dans les mains, il le fut encore bien plus de l’effet qu’il produisait