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Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/237

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l’avais été, femme heureuse et aimée comme je le serais un jour ! Oh ! quel beau rêve adoré ils me faisaient de ma vie ! comme je l’accueillais avec un doux sourire ! comme je lui tendais mon cœur quand il venait me parler le soir tout bas, sous la longue allée de sycomores où je me promenais seule à la nuit tombante ! J’avais seize ans, tout mon être aspirait la vie. Oh ! que c’est beau et doux de se promener le soir, seule dans l’air, avec un rayon de soleil au bord de l’horizon, avec des oiseaux qui murmurent des chants qui fuient à l’unisson du jour qui s’éteint, et de sentir un être invisible et bon qui marche à côté de vous et qui vous dit : Tu es belle, tu seras heureuse, et tu aimeras, tu aimeras !

« Aimer ! aimer ! quelle joie de la vie, se donner tout âme à un noble cœur, le vénérer pour ce qu’il a de généreux, le chérir pour ce qu’il a de bon, l’adorer pour ce qu’il a de saint ! car celui-là qui vous aime est saint, il est le prêtre de notre cœur ; celui qui en a ouvert le tabernacle est un homme à part entre les hommes,