Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/244

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

gagner leur maison, située à quelque distance dans les terres, lorsque je m’entendis appeler par un cavalier qui, en m’apercevant de loin, avait vivement pressé le pas de son cheval. La manière dont il me parla me fit voir que mon costume l’avait trompé sur ce que j’étais, car il se mit à crier du bout du sentier :

« — Hé ! la fille, la fille !

« Je me retournai, il s’approcha.

« — Qu’y a-t-il pour votre service ?

« Il me regarda en souriant doucement, et me dit d’un air de gaieté suppliante :

« — D’abord, la belle fille, ne me répondez pas : Tout droit, toujours tout droit.

« — Que voulez-vous dire ?

« — C’est que, depuis quatre heures du matin que je suis en route, j’ai demandé trente fois mon chemin, et que l’on n’a pas manqué une seule fois de me répondre : Tout droit, toujours tout droit ; et je vous avoue que j’aimerais autant prendre une autre direction.