Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/256

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sans comprendre qu’il y avait déjà de l’orgueil dans cette gaieté. Le trouble de Léon alla jusqu’à la tristesse ; il était si jeune aussi ! il avait alors dix-huit ans ; il fut blessé de la raillerie qui l’accueillait et ne sut que répondre.

« — Voyons, lui dit mon frère, qu’est-il donc arrivé ?

« Il me plaisait si bien, timide ainsi et embarrassé, que je ne voulus pas l’aider. Enfin il murmura d’une voix douce et suppliante :

« — J’ai rencontré Mademoiselle enveloppée d’une cape, je l’ai prise pour une paysanne, je lui ai demandé mon chemin.

« — D’un ton peu respectueux, sans doute ? dit mon frère.

« — Je ne crois pas avoir été grossier… mais vous savez… on dit…

« — Oui, reprit mon frère en riant, dans notre pays on a une façon de parler assez leste, et l’on crie volontiers : Hé, la fille !

« — Oui, Monsieur.

« — Eh bien ! faites vos excuses à la Demoiselle, qui vous pardonne, j’en suis sûr.